La réserve naturelle de la forêt d’Offendorf

Fin août, avant l’arrivée de l’automne et du mauvais temps, j’ai profité d’une sortie dans la réserve naturelle de la Forêt d’Offendorf. Je vous en propose un petit résumé ! La visite était organisée par le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Alsace.

L’Alsace est une belle région, mais subit depuis des décennies une forte pression agricole et commerciale, qui conduit à raser des milieux naturels. Grâce au travail du Conservatoire, certaines parcelles sont rachetées progressivement depuis les années 1980, pour être laissées à la flore et la faune sauvage. La forêt d’Offendorf est une zone délimitée par une digue, sur les bordures desquelles on voit encore les anciennes bornes territoriales qui délimitaient la frontière.

Forêt relictuelle située sur un banc de gravier de l’ancien Rhin, avant que le fleuve ne soit canalisé par l’ingénieur allemand Johann Gottfried Tulla (voir l’article sur la réserve de Rhinau), elle s’étale sur 60 hectares. Autrefois inondées par les crues, la réserve est encore régulièrement submergée par les fluctuations de la nappe phréatique et est entourée de petits bras secondaires du fleuve. Au milieu du fleuve coule un bras d’eau peu profond que l’on surnomme « Rossmoerder ». Ce nom qui peut être traduit par « tueur de chevaux » et ferait référence, selon la légende, à une bataille napoléonienne, lors de laquelle les cavaliers ennemis se seraient fait semer dans les marais, embourbés.

Un milieu humide dans lequel s’épanouissent plus de 75 espèces d’oiseaux, une dizaine d’amphibiens, une vingtaine de mammifères… La réserve est classée en 1989 et gérée depuis 1991 par le Conservatoire. Les traces de vie et d’activité de la faune ne manquent pas : arbustres grignotés par les castors, trous creusés par les blaireaux qui vont chercher les larves de guêpes dans des ruches souterraines.

Un nid de guêpe souterrain

La flore n’est pas en reste puisqu’on décompte au bas mot plus de 300 espèces de plantes. Comme l’ensemble des forêts rhénanes, les arbres (peupliers noirs, saules blancs, chênes…) sont couverts de lierre ou de vastes lianes de Clématite (Clematis vitalba), qui rappellent parfois une forêt tropicale plutôt qu’une forêt alluviale de région tempérée. Les fleurs de clématite sont méllifères et ont une odeur agréable.


Parmi les espèces aquatiques d’intérêt, on retrouve dans cet espèce la morène (Hydrocharis morsus-ranae) qu’on appelle aussi grenouillette) , une plante dont les feuilles évoquent les nénuphars.

Wikicommons – Christian Fischer – CCBYSA3.0

On y trouve aussi le Rubanier d’eau (Sparganium emersum), intéressante puisqu’elle contribue à structurer les cours d’eau, en ralentissant le débit, en permettant le dépôt des sédiments et en épurant certains polluants de l’eau. Les biologistes parlent parfois d’une « espèce ingénieur ».

La renouée poivre d’eau (Polygonum hydropiper) et la renouée douce (Persicaria mitis) sont aussi de la partie, abondantes dans les eaux stagnantes. Les deux se ressemblent beaucoup mais l’une a une saveur poivrée, tandis que l’autre non. Il est également possible de les distinguer en observant les ochréas au niveau des noeuds des tiges (P. mitis a un ochréa avec des cils longs, et les fleurs sont beaucoup moins glanduleuses que celles de la renouée poivre d’eau.)


Dans les milieux ouverts, dans lesquels la fauche est encore pratiquée régulièrement pour éviter sa fermeture et son obscurcissement, on trouve une espèce protégée : l’Inule des fleuves (ou Inule d’Angleterre, Inula britannica).

Ces milieux sont globalement très humides mais regorgent de vie !
Alors n’hésitez pas à aller y faire un tour, en respectant évidemment toutes les consignes qui sont rappelées à l’entrée de chaque réserve naturelle : on n’y cueille pas, on n’y jette pas d’ordures, on n’y campe pas, on n’y fume pas. Dans la mesure du possible, on reste sur les sentiers balisés prévus à cet effet pour ne pas piétiner la flore et les habitats. Pour votre sécurité, rester sur les entiers limitera aussi les risques de chutes de branches ou de vous retrouver de la boue jusqu’aux cuisses par inadvertance… le sol peut être traître dans ce genre de milieu humide !

Merci à Muriel, garde animatrice de la Réserve pour ses précieuses explications pendant la balade, et à bientôt pour une prochaine balade !

Publié par Le Plantoscope

Diplômée de biologie végétale et ancienne chercheuse en biologie moléculaire et cellulaire, je suis maintenant dédiée à la vulgarisation scientifique autour de la biologie des plantes. Le Plantoscope est un outil pour voyager à travers les plantes et la botanique par des anecdotes et des explications simples et accessibles.

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